Grand Jus
L’opéra de Paris ? L’hôtel Métropole à Bruxelles ?
Non… : Moulins (Allier), le Grand Café, que les gens d’ici nomment « le Grand Jus », bien sûr.
Un chef-d’œuvre de l’architecture de la fin du XIXème siècle.
Un peu décati, juste comme il se doit.
Les regarder, les gens… La fête est passée. Les gueules de bois aussi. On a repris le train-train quotidien.
Des gens au visage ouvert, les plus âgés souvent : paradoxal ? Non : ils n’ont, simplement, plus à paraître.
D’autres au visage fermé, plus nombreux : retour de fête (on le sait bien : post coïtum, animal triste) ? ou simplement le fait que la réalité a repris le dessus ?
Pointage, travail 35 heures (de trop) par semaine, courbettes à faire, surveillance policière patronale ou privée, rentabilité implacable, tout cela en échange d’un chèque minable en fin de mois.
Plier le dos, courber l’échine que l’on soit smicard ou cadre.
Sans même s’en rendre compte. En étant même persuadé que c’est faux… : le crâne bourré de la certitude du devoir d’être utile à la société. Formaté.
On ne leur apprend plus à être ; on les dresse à servir. A obéir, en somme.
Le lustre et les ors doivent persister.
Un peu décatis, juste comme il se doit.